Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/220

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui la tenait ainsi debout, nuit après nuit, dans la même fièvre d’attente.

Plusieurs fois, André avait eu, en la trouvant ainsi sur pied à des heures quelque fois matinales, des mouvements d’impatience très transparents, mais c’était la première fois qu’il exprimait tout haut sa pensée.

Elle fut sur le point de dévoiler à son mari le monde obscur qui avait vécu en elle depuis le jour où il lui avait dit, en balançant dans sa main une touffe de seringa : « À la bonne heure, plus de noir ! » Jamais elle n’avait oublié le regard d’indifférence absolue qui soulignait la remarque ni, plus tard, le même jour, la fleur blanche piquée au corsage de Mariette.

Mais André se promenait de long en large d’un pas nerveux. Elle ne pouvait pas offrir des confidences qu’il ne désirait pas, forcer sa pensée distraite à la voir.

Tout à coup il s’arrêta devant elle, et, après une courte hésitation, il l’appela par son nom, tout bas :