Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/219

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quérir, la jeta à la rencontre de son mari, décidée, cette fois, à élucider coûte que coûte les insinuations vexatoires qui la blessaient journellement. Peut-être ne trouverait-elle, au fond de son anxiété, qu’un de ces fantômes imaginaires, si familiers à son esprit soupçonneux.

Mais, sans lui laisser le temps d’ouvrir la bouche, André lui reprocha avec un peu d’acrimonie son obstination à l’attendre. Cela n’avait pas le sens commun de veiller ainsi nuit après nuit, sans l’ombre d’une raison. De quoi s’inquiétait-elle ? Elle avait pris là une sotte habitude, qu’il fallait changer. Pourquoi ne se couchait-elle pas tout simplement, elle qui était à l’abri de la tracasserie des affaires ?

— Tu as vraiment l’air de me surveiller, conclut-il. Cela me vexe, à la fin.

Élisabeth ne répondit pas. Il y avait dans les paroles d’André des vérités qu’elle ne pouvait pas contester. Non, elle ne pouvait pas nier les craintes dont son âme défiante était toujours obsédée, la vague inquiétude