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plus comme au commencement, et à le voir demeurer si indifférent, elle s’était dégoûtée de peines superflues qui nécessitaient auprès d’elle la constante présence de Mariette.

Elle n’avait jamais réussi à vaincre le singulier malaise que le voisinage de cette fille rieuse lui causait. Pour la fuir elle allait s’enfermer dans une chambre écartée, et, quelque travail de couture dans les mains, elle laissait vagabonder sa pensée au milieu d’anticipations ardentes ayant toutes un même objet fixe : le retour d’André pour une de ses rapides apparitions, de plus en plus courtes.

Parfois elle prenait un des livres qui traînaient sur les meubles, et elle essayait de lire ; mais sa pureté intérieure, restée intacte, se révoltait des bassesses malsaines du vice, de la crudité du langage, ou ailleurs des déguisements flatteurs dont on voilait le pénible développement d’épisodes éternellement les mêmes. Écœurée, elle jetait le livre loin d’elle, étonnée qu’André goûtât ces choses brutales, et de plus en plus assoiffée