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ayant trouvé le ciel inattentif à son appel, elle s’était éloignée de la piété avec la vive rancœur que suscite au fond de l’âme désespérée, une attente déçue. Sa foi concentrée sur l’accomplissement immédiat d’un fait unique avait tout de suite sombré devant le silence absolu d’une divinité sourde, indifférente ou impitoyable, et elle n’avait plus jamais cherché dans la religion un abri contre la souffrance continue attachée à sa passion maternelle.

La joie amère de posséder Élisabeth avait ensuite banni toute idée de repentir.

Elle avait vécu absorbée tout entière dans ce sentiment qui la rattachait à la vie. Il était devenu le centre fixe où allaient aboutir toutes ses pensées, la raison d’être de sa propre existence et le point de départ de chacune de ses actions.

Elle avait souffert, passive et muette, tout ce qu’il était possible de souffrir dans sa fierté et dans son cœur, et peu à peu elle s’était laissée glisser doucement à l’obscure convic-