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d’Élisabeth. Elle ne savait pas même si son enfant avait trouvé dans le triomphe de sa volonté l’éphémère bonheur qu’elle pouvait en récolter.

Découragée, elle jeta la lettre sur la table. Il n’y avait rien pour elle dans ce message conventionnel, vide de pensées et de sentiments.

Cédant à uné bouffée d’indignation, elle le poussa loin d’elle et releva la tête.

Aussitôt son visage à la peau froissée et flasque alla se refléter dans la grande glace léguée par sa mère, ou toutes les joies pures de sa jeunesse avaient passé sans laisser de trace, et elle aperçut tout à coup, sur le poli du verre, ce spectre inconnu.

Elle s’approcha lentement, et considéra de tout près le masque vieilli, aux innombrables plissures, tandis que, devant elle, des choses mortes se soulevaient lentement, s’animaient, se mouvaient confusément, très loin. Et brusquement, à travers les années disparues, elle vit à côté de son image flétrie, surgir l’autre, le visage frais et jeune d’autrefois.