Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tout à coup, tout près d’elle, à son oreille, une voix qu’elle connaissait bien, mais qui semblait changée, plus musicale, répéta très bas ses propres paroles :

— Ces cerisiers… n’est-ce pas… ? Oui… toutes ces fleurs. C’est vraiment magnifique… magnifique…

En même temps, Éiisabeth sentit un souffle chaud lui caresser la joue. Elle recula brusquement. Comme une flèche aiguë, empoisonnée, la pensée de sa mère venait de lui traverser l’esprit. Être un passe-temps, un jouet, une amusette d’une heure !

L’ombre de l’opprobre maternel la couvrit tout entière, balayant tout le reste. Elle s’échappa des mains hardies qui cherchaient à la saisir, et, les lèvres blanches, elle murmura :

— Non… non.

André recula, et il demeura quelques secondes en face d’elle, indécis, très surpris.

Il avait cru la jeune fille conquise à fond, prête, sur un signe, à le suivre partout où il