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des arbres, et la mère restait silencieuse à côté de sa fille. Quelquefois les jeunes gens la quittaient pour faire le tour de cette eau immobile, s’arrêtant à tout moment, trouvant partout des sujets de causerie, de gaîté, de cette gaîté qui, sur les lèvres d’Élisabeth, sonnait toujours creuse et forcée.

Un dimanche où Elisabeth était restée plus taciturne encore que d’habitude, elle quitta tout à coup la place qu’elle occupait près de la fenêtre, et, sans prévenir sa mère de ses intentions, elle sortit d’un pas décidé.

Mme Georges courut à la fenêtre, et elle vit disparaître sous les ombrages la mince silhouette.

Elle hésita quelques secondes, puis, à la hâte, elle la suivit.

Quelque humiliation que pût lui attirer son intervention, cette fois il fallait agir. Il fallait enrayer tout de suite cette folle intimité dont Élisabeth ignorait tous les dangers.

Mai était venu, et ce jour-là le grand soleil jetait sur la plaine féconde une lumière