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hardissait à faire, sur la culture de la terre, la crue du blé, la succession des travaux champêtres des questions timides qui l’étonnaient elle-même.

À une demi-heure de l’auberge où Mme Georges et Elisabeth étaient descendues, il y avait un étang alimenté par une source souterraine. C’était une large mare d’eau limpide, à la surface dormante, où trois peupliers sveltes se miraient du matin au soir. Au soleil couchant, cette eau verte transparente prenait des tons vifs, elle se teignait de rouge, de violet, d’orange crus ou, dans les jours brumeux, elle se couvrait d’une couleur neutre, d’opale à peine rosée, et jusqu’à ce que le soleil eût disparu et eût rendu à l’eau sa limpidité verte, plus sombre, presque noire, le feuillage naissant et tremblant des peupliers frémissait sur cette nappe d’eau illuminée, éblouissante. Élisabeth et sa mère venaient très souvent s’asseoir sur un banc au pied des trois peupliers pour assister à ce court incendie de