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sujets d’entretien assez étrangers à leur préoccupation intime pour qu’elles pussent les aborder presque librement.

Élisabeth n’avait jamais vu la campagne, et les travaux sains de la terre, le va-et-vient des paysans avec leurs outils, les lourds attelages traînant le long des routes sillonnées d’ornières l’engrais fumant, toutes les habitudes différentes qu’il fallait prendre pour s’adapter à une existence entièrement nouvelle, toutes ces choses inconnues avaient un attrait si neuf que la jeune fille semblait retrouver peu à peu l’équilibre mental que l’aveu de sa mère avait si fortement ébranlé.

Toute sa capacité d’attention semblait prise par l’intérêt des choses qui se passaient autour d’elle. Elle suivait d’un œil ouvert toutes les péripéties d’existences réglées dont elle n’avait pas soupçonné la rude simplicité, le courage, l’intrépide et silencieuse patience. Quelquefois même, quand elle était bien sûre que sa mère ne la voyait pas, elle sortait de sa tenace réserve et s’en-