Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mauvaise curiosité l’avait prise brusquement ; de savoir si, en l’obsédant jadis de ses investigations indiscrètes, l’institutrice connaissait la honte de sa mère et la tourmentait à plaisir, ou si elle ne faisait que soupçonner la vérité.

Les deux femmes traversèrent sans parler les rues populeuses. Mme Georges marchait lentement. Sentant s’agiter sous le silence morne de sa fille des pensées troubles, toujours les mêmes, elle regrettait la démarche inutile imaginée pour fuir le lourd, tête-à-tête muet. Elle avait gardé de sa dernière entrevue avec l’institutrice un arrière-goût d’hostilité, et la présence d’Élisabeth l’inquiétait.

Dès qu’elle se trouva dans l’intérieur étranger, sous le regard des petits yeux gris perçants, son malaise s’accentua. Elle expliqua fébrilement le but de sa visite.

— Élisabeth a besoin de changer d’air. Je la trouve trop pâle. Nous allons à X… Questionnée, Mme Musseau recueillit ses souvenirs. En effet son mari était allé plus