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pas de la conduire dans le cabinet d’un particulier, comme on dit. Mais je perds pas la boussole et je lui réponds : « Aglaé, ce que j’ai à vous dire, je peux le dire à la face du ciel et même du soleil, venez demain à midi, esplanade des Invalides… et puis, que de là, nous verrons. »

Le lendemain à midi précis je vois arriver Aglaé à deux heures.

— « Monsieur Bidoche, qu’elle me dit, vos intentions, elles sont pures ? — Oh ! Aglaé, pouvez-vous seurement superposer une minute… — Ah ! c’est que j’ai été si souvent… — Quoi que vous avez été si souvent ? — Non, rien, je dis que les hommes ils sont si volatils ! — Aglaé, quand vous verrez… mais, pardon, que le soldat il est galant avant tout… Prenez donc la peine de vous asseoir. » Et je montre à Aglaé un banc caché dessous le feuillage.

Faut vous dire qu’Aglaé est une femme magnifique qui pèse dans les 250 ; que même je mettrais une minute et demie pour en faire le tour, au pas accéléré.

Elle s’asseoit, je m’asseois. Je frissonnais près d’elle comme l’oiseau qui s’imbibe de la nature à l’aurore, lorsque le soleil se couche derrière les bois, où la tourterelle et le lapin de garenne ils cachent leurs roucoulements volupétueux.

— « Aglaé,… je vous idole ! » — Je vous crois, monsieur Bidoche, mais quand est-ce que vous m’épouserez ? — Aussitôt que j’aurai fini mon temps, je n’ai