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LA CHANSON

(Toste porté au banquet du Caveau, le 3 juin 1910, à Robinson)

Enfin ! voilà passés l’hiver et ses chloroses !
Salut ! Juin embaumé… salut !… saison des roses…
Bonjour, soleil ! Bonjour, muguet ! Bonjour, pinson !
Nous venons partager votre douce allégresse
Et nous vous amenons notre belle maîtresse,
Celle qui tient nos cœurs et qu’on nomme Chanson,
Car nous l’adorons tous, et tous, sans jalousie,
Nous quêtons un sourire à son gentil minois,
Qui nous mette dans l’âme un grain de poésie.
Nous sommes des sujets courbés devant ses lois ;
Elle nous fait courir, selon sa fantaisie.
Du gouffre au val fleuri, de l’Alpe au fond des bois ;
Où qu’il lui plaît ; sa lyre a de multiples cordes
Où vibrent des couplets de guerres, de concordes.
D’aurores et de nuits, de cris et de baisers ;
Tantôt, sons de pipeaux, soupires par Tityre…
Tantôt, hymnes de vierge, implorant le martyre…
Tantôt, rires de faune, aux ruts inapaisés.
Au berceau de l’enfant, par la bouche des mères.
Elle apporte le rêve aux candides chimères,
Et par un vieux refrain qu’elle chante à mi-voix
Fait revivre à l’aïeul les bonheurs d’autrefois.
Suivant que le vent tourne, elle est chaste ou paillarde…
Satirique, toujours, en restant goguenarde,