délivrer Manon, joint à la terreur que G*** M*** lui inspirait, fit tant d’impression sur son esprit faible, qu’il s’imagina qu’on allait le conduire à la potence ou sur la roue. Il promit de découvrir tout ce qui était venu à sa connaissance, si l’on voulait lui sauver la vie. G*** M*** se persuada là-dessus qu’il y avait quelque chose dans nos affaires de plus sérieux et de plus criminel qu’il n’avait eu lieu jusque-là de se le figurer : il offrit à Marcel non seulement la vie, mais des récompenses pour sa confession.
Ce malheureux lui apprit une partie de notre dessein, sur lequel nous n’avions pas fait difficulté de nous entretenir devant lui, parce qu’il devait y entrer pour quelque chose. Il est vrai qu’il ignorait entièrement les changements que nous y avions faits à Paris ; mais il avait été informé, en partant de Chaillot, du plan de l’entreprise et du rôle qu’il y devait jouer. Il lui déclara donc que notre vue était de duper son fils, et que Manon devait recevoir ou avait déjà reçu dix mille francs qui, selon notre projet, ne retourneraient jamais aux héritiers de la maison de G*** M***.
Après cette découverte, le vieillard emporté remonta brusquement dans notre chambre. Il passa sans parler dans le cabinet, où il n’eut pas de peine à trouver la somme et les bijoux. Il revint à nous avec un visage enflammé, et, nous montrant ce qu’il lui plut de nommer notre larcin, il nous accabla de reproches outrageants. Il fit voir de près à Manon le collier de perles et les bracelets. « Les reconnaissez-vous ? lui dit-il avec un sourire moqueur. Ce