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bras. J’ai ajouté qu’étant tout à fait convaincue que vous agiriez pacifiquement, je n’avais pas fait de difficulté de vous dire que je venais à Paris pour quelques affaires ; que vous y aviez consenti, et qu’y étant venu vous-même, vous n’aviez pas paru extrêmement inquiet lorsque je vous avais quitté.

» Si je croyais, m’a-t-il dit, qu’il fût d’humeur à bien vivre avec moi, je serais le premier à lui offrir mes services et mes civilités. Je l’ai assuré que, du caractère dont je vous connaissais, je ne doutais point que vous n’y répondissiez honnêtement, surtout, lui ai-je dit, s’il pouvait vous servir dans vos affaires, qui étaient fort dérangées depuis que vous étiez mal avec votre famille. Il m’a interrompue pour me protester qu’il vous rendrait tous les services qui dépendraient de lui, et que, si vous vouliez même vous embarquer dans un autre amour, il vous procurerait une jolie maîtresse qu’il avait quittée pour s’attacher à moi.

» J’ai applaudi à son idée, ajouta-t-elle, pour prévenir plus parfaitement tous ses soupçons ; et me confirmant de plus en plus dans mon projet, je ne souhaitais que de pouvoir trouver le moyen de vous en informer, de peur que vous ne fussiez trop alarmé lorsque vous me verriez manquer à notre assignation. C’est dans cette vue que je lui ai proposé de vous envoyer cette nouvelle maîtresse dès le soir même, afin d’avoir une occasion de vous écrire ; j’étais obligée d’avoir recours à cette adresse, parce que je ne pouvais espérer qu’il me laissât libre un moment.

» Il a ri de ma proposition ; il a appelé son la-