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faisait tourner souvent le visage vers elle, et, s’appuyant des deux mains sur mes épaules, elle me regardait avec une curiosité avide. Ensuite, exprimant sa satisfaction par un ou deux baisers, elle me faisait reprendre ma situation pour continuer son ouvrage.

Ce badinage nous occupa jusqu’à l’heure du dîner. Le goût qu’elle y avait pris m’avait paru si naturel, et sa gaîté sentait si peu l’artifice, que, ne pouvant concilier des apparences si constantes avec le projet d’une noire trahison, je fus tenté plusieurs fois de lui ouvrir mon cœur et de me décharger d’un fardeau qui commençait à me peser. Mais je me flattais, à chaque instant, que l’ouverture viendrait d’elle, et je m’en faisais d’avance un délicieux triomphe.

Nous rentrâmes dans son cabinet. Elle se mit à rajuster mes cheveux, et ma complaisance me faisait céder à toutes ses volontés, lorsqu’on vint l’avertir que le prince de *** demandait à la voir. Ce nom m’échauffa jusqu’au transport. « Quoi donc ? m’écriai-je en la repoussant : qui ? quel prince ? » Elle ne répondit point à mes questions. « Faites-le monter, » dit-elle froidement au valet ; et se tournant vers moi : « Cher amant ! toi que j’adore, reprit-elle d’un ton enchanteur, je te demande un moment de complaisance ; un moment, un seul moment ! je t’en aimerai mille fois plus, je t’en saurai gré toute ma vie. »

L’indignation et la surprise me lièrent la langue. Elle répétait ses instances, et je cherchais des ex-