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l’espace d’une nuit, de brûler le bout extérieur d’une épaisse solive qui traversait la tour ; et, soit qu’il eût commencé sur des lumières certaines, soit qu’il ne se laissât conduire qu’au hasard, il se trouva que l’endroit où il avait appliqué son travail répondait à la chambre de Synèse.

Cette ouverture une fois commencée, rien ne lui devint si facile que d’écarter les pierres contiguës, et de pénétrer toute l’épaisseur du mur. Son espérance était seulement de se faire entendre à son ami, car une nuit ne pouvait suffire pour lui ouvrir un passage, et la lumière du jour l’aurait trahi, si le désordre eût été trop grand. Mais, s’étant fait reconnaître de Synèse, il lui apprit dans quel dessein il était venu, et ce qu’il avait fait jusqu’alors pour sa liberté. Ce fut par une délibération commune qu’ils convinrent de se voir toutes les nuits, et que Synèse, répétant aux gens qui le servaient tout ce qu’il avait appris dans ces entretiens, se serait fait la réputation d’avoir un génie familier qui lui rendait compte de tout ce qui se passait dans l’empire. En effet cette folle imagination se répandit bientôt, non seulement à Acade, mais dans toutes les villes voisines, et les deux jeunes gens se réjouirent quelque temps de la crédulité du public.

Ils s’étaient imaginé avec raison qu’une nouveauté si extraordinaire excitait beaucoup de curiosité pour l’aventure de Synèse,