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mait sans doute à de nouvelles entreprises. Ils n’étaient tranquilles à Acade que par l’indulgence du gouverneur, qui avait fermé les yeux sur une témérité dont il était en droit de le punir. Synèse, renfermé par l’ordre de son père dans une vieille tour, qui composait la meilleure partie de leur château, ignorait quelle devait être la durée de sa prison, et ne voyait aucune apparence d’en sortir par ses propres efforts. Ses gardes n’étaient qu’un petit nombre de domestiques qu’il n’aurait pas été difficile de corrompre si le chevalier eût été plus riche ; mais étant parti avec une somme médiocre, que je lui avais prêtée pour son voyage, il n’avait point eu d’autre ressource pour délivrer son ami que l’adresse ou la force. Parlant mal la langue grecque et la turque, c’était un obstacle de plus, et je n’ai jamais compris comment il put le surmonter. Il aurait peut-être eu moins de hardiesse, s’il eût senti toutes les difficultés de son entreprise, car la moitié des téméraires ne réussissent que pour avoir ignoré le danger.

Il arriva seul à Acade. Il se logea dans le voisinage du château de Condoidi, qui en est à peu de distance. Son occupation pendant quelques jours fut de s’assurer du lieu où l’on avait renfermé Synèse, et d’en examiner la disposition. Loin d’en pouvoir forcer la porte, il n’était pas même aisé d’en approcher. Mais à l’aide d’un fer, qu’il faisait rougir dans un réchaud, il vint à bout, dans