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connaissais pas tout ce que j’avais à craindre de ma faiblesse.

Il s’était passé environ six semaines depuis le départ du chevalier sicilien, lorsque Maria Rezati en reçut une lettre par laquelle il lui marquait que son amitié pour Synèse Condoidi l’avait fait triompher de mille difficultés, et que le jeune Grec qui n’appréhendait plus rien de la violence de son père, depuis qu’il était assez libre pour espérer de s’en défendre, était toujours disposé à leur accorder une retraite dans une portion de l’héritage qui lui était venu de sa mère. Il ajoutait qu’on se reposait sur elle du soin d’engager Théophé à partager leur établissement, et que si elle ne l’avait point encore fait entrer dans cette disposition, Synèse était résolu de retourner à Constantinople pour la solliciter lui-même d’accepter ces offres. On ne paraissait pas inquiet sur son consentement, et j’eus la satisfaction de penser qu’on portait un jugement bien avantageux de mon commerce avec Théophé, puisqu’on me croyait capable de la voir partir avec indifférence. Mais ils s’étaient bien gardés de marquer toutes leurs intentions dans leur lettre. En supposant qu’ils trouvassent quelque obstacle de la part de Théophé ou de la mienne, ils étaient résolus de ne ménager ni le courage, ni l’adresse pour la tirer de mes mains.

L’essai qu’ils venaient d’en faire les ani-