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velles femmes qu’il en perdrait, pour remplir plus parfaitement le but d’une vocation légitime. Le Concile grec s’était laissé persuader par un raisonnement si étrange, et le caloger qui n’avait pas communiqué plus de fécondité à sa troisième qu’aux deux premières, s’affligeait de n’avoir pas connu qu’il était si peu propre au mariage ou de n’en avoir pas mieux rempli les fonctions. Telle est la grossièreté des chefs d’une église assez nombreuse, quoiqu’elle le soit beaucoup moins qu’ils ne se le persuadent. J’ai remarqué tant de variété dans leurs principes, qu’ils ne sont guère unis que par la qualité de Chrétiens, et par la facilité qu’ils ont mutuellement à supporter leurs erreurs.

Cependant Maria Rezati n’avait pas oublié la promesse qu’elle avait faite à Théophé ; et le soin qu’on avait pris de m’avertir, me fit trouver beaucoup de plaisir à remarquer tous les degrés d’adresse par lesquels une femme tend à son but. Mais je me lassai enfin d’un manège dont je découvrais trop aisément l’artifice, et, prenant occasion de son entreprise pour faire connaître à Théophé ce que je n’avais plus la hardiesse de lui dire moi-même, je la priai d’être aussi persuadée que son amie, que mon cœur ne changerait jamais d’inclination. C’est une promesse que j’ai tenue fidèlement. Ma raison me faisait encore sentir que je devais m’y borner. Mais je ne