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tique des principes dont elle se confessait redevable à mes instructions, et pour lesquels elle croyait me devoir beaucoup plus de reconnaissance que pour sa liberté.

L’embarras dont je n’avais pu me défendre passait pendant ce temps-là sur le visage du Sélictar. Il se plaignit amèrement de son sort ; et, s’adressant à moi, il me conjura de lui communiquer une partie de ce pouvoir que Théophé attribuait à mes discours. Je lui répondis, en badinant, que le désir qu’il me marquait ne s’accordait point avec ses propres vues, puisque, en supposant ce qu’il paraissait désirer, il servirait lui-même à confirmer Théophé dans ses principes. Au fond, mon cœur nageait dans la joie, et, ne me déguisant plus mon bonheur, je le crus mieux établi par cette déclaration que par toutes les raisons que j’avais déjà d’y prendre quelque confiance. Je dérobai un moment pour féliciter Théophé de la noblesse de ses sentiments, et je pris encore la réponse qu’elle me fit pour une nouvelle confirmation de mes espérances.

Le Sélictar, aussi affligé que je me croyais heureux, ne laissait pas de nous offrir avec le même soin tout ce qui pouvait faire honneur à sa politesse et à la beauté de sa maison. Il nous ouvrit dès le même soir l’entrée de son sérail, et son dessein était peut-être encore de tenter Théophé par la vue d’un lieu charmant où elle pouvait régner. Mais si elle y fut frappée de quelque chose, ce ne