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réduite au même état par la frayeur. Bema est une misérable, que je crois la source de tout le trouble, et que j’ai fait renfermer par précaution jusqu’à votre arrivée. Je crois votre présence nécessaire à Oru, continua-t-il, ne fût-ce que pour prévenir le dessein du Sélictar, qui ne peut être éloigné de votre maison, et qui est capable d’y revenir avec assez de force pour s’y rendre le maître. Les regrets qu’il a marqués de sa violence me paraissent fort suspects. Seul comme il était, je l’aurais fait arrêter lui-même, si je n’avais appréhendé de vous déplaire. Cependant, ajouta mon valet, le soin que j’ai eu de mettre le reste de vos gens en état de défense, doit vous rendre tranquille contre ses entreprises. »

Un ordre si imprévu ne me permettant guère de l’être, je partis sur-le-champ, avec la précaution de me faire accompagner de quatre domestiques bien armés. Le trouble où je trouvai encore ceux d’Oru me rendit témoignage qu’on ne m’avait rien exagéré. Ils faisaient la garde à ma porte avec une douzaine de fusils qui me servaient à la chasse. Je leur demandai des nouvelles de Théophé et de Synèse, dont je ne comprenais pas encore l’aventure. Ils ignoraient comme moi qu’il n’eût pas quitté ma maison, et personne ne sachant comment le Sélictar s’y était introduit, cette scène devenait plaisante par les précautions qu’ils prenaient pour l’empêcher d’y rentrer pendant qu’il