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Théophé. Elle m’a fait suivre chaque fois que je suis sortie, et, s’imaginant à la fin que je recevais le comte pendant la nuit, elle a poussé la malignité jusqu’à faire examiner soigneusement mon lit. Quelles offres n’a-t-elle pas faites à ma femme de chambre ? Il n’y a pas deux jours qu’elle saisit à la porte une lettre que le comte m’écrivait. Elle me l’apporta sur-le-champ toute ouverte ; et, piquée de n’y trouver que des expressions respectueuses, elle y donna tous les sens que la malignité peut inventer, en me menaçant de vous en avertir.

« Je n’ai pas douté, ajouta Théophé, en vous voyant hier dans ma chambre avec elle, que ce ne fussent ses accusations qui vous y amenaient. Mais votre présence, ou plutôt le désespoir que je ressentis de vous voir prêter l’oreille à mon ennemie, me jeta dans la consternation que vous avez pu remarquer. Aujourd’hui je viens vous conjurer de me délivrer d’une persécution si cruelle ! »

Là, redoublant tout d’un coup ses pleurs, et se réduisant à des humiliations grecques, dont elle devait avoir perdu l’habitude en France, elle se jeta à genoux contre mon lit, pour me supplier de lui accorder ce que je lui avais refusé dans d’autres temps.

« Un couvent, me dit-elle, d’une voix étouffée par ses larmes, un couvent est le seul partage qui me reste, et le seul aussi que je désire ! »

J’ignore quelle aurait été ma réponse, car