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Ce langage me causa quelque surprise. J’y fixai toute mon attention. Il me faisait juger non seulement que Théophé était prévenue sur le sujet de mes plaintes, mais qu’elle connaissait à cette femme une résolution formée de lui nuire.

« Écoutez, répondis-je en l’interrompant, je ne vous cacherai point que c’est Madame de *** qui a vu le comte. Ai-je pu me défier de son témoignage ? Mais si vous connaissez quelque chose qui puisse l’affaiblir, je ne refuse pas de vous entendre. »

Cet encouragement parut lui donner plus de hardiesse. Elle me raconta que depuis le jour que cette dame avait cessé de l’accompagner, M. de *** qui ne s’était plus embarrassé de la voir, avait répondu assez durement à quelque billet par lequel elle lui avait marqué qu’il pouvait continuer de venir chez elle malgré quelques changements qui ne la regardaient point. Il lui avait déclaré que la comédie était au dénouement, et que les raisons qu’il avait eues de la jouer finissaient par le changement dont elle lui donnait avis. Cette déclaration lui ayant ouvert les yeux sur le rôle humiliant qu’elle avait soutenu, elle s’était persuadée que Théophé devait être encore mieux avec son amant qu’elle ne croyait être elle-même avec le sien, et le désir de se venger lui avait fait prendre toutes sortes de voies pour en découvrir la preuve.

Je n’ai point ignoré ses artifices, me dit