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Elle paraissait aussi agitée que moi, et ce ne fut qu’après être sortie qu’elle me protesta que le comte devait s’être échappé, puisqu’elle pouvait me répondre que de ses propres yeux, elle l’avait vu monter l’escalier et s’introduire dans l’appartement.

J’avais si peu d’objection à faire et au témoignage d’une femme que je n’osais soupçonner d’imposture et à celui de mes yeux qui ne m’avaient rien fait découvrir dans la chambre de Théophé, que, ne voyant que des sujets d’épouvante et de confusion dans cette aventure, je pris le parti de regagner promptement mon lit, pour me remettre de la cruelle agitation où j’étais.

Cependant le souvenir présent de celle où je venais de laisser Théophé, et mille sentiments qui combattaient pour elle dans mon cœur, me portèrent à lui envoyer un de mes gens pour la prier d’être sans inquiétude. Je me reprochais le silence auquel je m’étais obstiné. Elle en avait pu tirer des conclusions effrayantes, et quelle impression ne devaient-elles pas faire sur son esprit et sur son cœur, s’il n’était pas vrai qu’elle fût coupable ?

On me rapporta qu’on l’avait trouvée fondant en larmes, et qu’au compliment qu’on lui avait fait de ma part, elle n’avait répondu que par des soupirs et des plaintes de son sort. J’en fus si touché, que si je n’eusse écouté que le mouvement de ma compassion, je serais retourné chez elle pour la consoler.