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imputations de son accusatrice, les moindres désordres que je crus remarquer dans sa chambre me parurent autant de traces de son amant, et de preuves du dérèglement qu’on lui reprochait.

Elle me demanda en tremblant ce qui m’amenait si tard.

« Rien ! » lui dis-je, d’un ton plus brusque que je n’étais accoutumé de le prendre avec elle.

Et, jetant les yeux de tous côtés, je continuais de remarquer tout ce qui pouvait servir à l’éclaircissement de mes soupçons. La chambre était si dégagée, que rien ne pouvait s’y dérober à mes regards. J’ouvris un cabinet, où il n’était pas plus aisé de se cacher. Je me baissai pour observer le dessous du lit. Enfin, n’ayant laissé aucun endroit à visiter, je me retirai sans avoir prononcé un seul mot, et sans avoir pensé même à répondre à diverses questions que l’étonnement de cette scène faisait faire à Théophé.

Si c’étaient la honte et l’indignation qui avaient causé mon trouble en venant, je n’en ressentis pas moins en sortant, par la crainte de m’être rendu coupable d’une injustice.

L’accusatrice était demeurée comme en garde dans l’antichambre.

« Venez ! lui dis-je d’un ton altéré. J’appréhende bien que vous ne m’ayez engagé dans une démarche dont je sens déjà toute l’infamie ! »