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amant. Je lui fis répéter plus d’une fois un avis si cruel et si humiliant pour moi. Elle me le confirma avec un détail de circonstances qui força tous mes doutes. J’étais au lit, accablé de mes douleurs ordinaires, et j’avais besoin de plus d’un effort pour me mettre en état de la suivre.

Combien de précautions d’ailleurs pour donner le change à mes domestiques ? Il est vrai qu’il s’écoula bien du temps dans ces préparations. Mes répugnances et mes craintes augmentaient encore ma lenteur. Je me trouvai néanmoins disposé à gagner l’appartement de Théophé. Nous n’étions éclairés que par une bougie, et Mme de *** la portait elle-même. Elle s’éteignit à deux pas de la porte. Il fallut encore quelques moments pour la rallumer.

« Qu’il est à craindre, me dit mon guide en me rejoignant, que le galant n’ait profité de ce moment pour s’évader !

« Cependant, ajouta-t-elle, la porte ne se serait pas ouverte et fermée sans bruit ! »

Nous y frappâmes. J’étais tremblant, et ma liberté d’esprit n’allait pas jusqu’à me faire distinguer les circonstances. Après nous avoir fait attendre quelques moments, la suivante de Théophé ouvrit, et marqua beaucoup d’étonnement de me voir si tard à la porte de sa maîtresse.

« Est-elle seule ? Est-elle au lit ? »

Je lui fis plusieurs questions de cette nature avec une vive agitation.