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tant pour l’honneur de ma maison que pour celui de la jeune Grecque ; l’autre de n’être pas même regardées comme des vérités certaines avant qu’elles eussent été confirmées par des témoignages sensibles.

« La discrétion, lui dis-je, est un soin que je vous recommande si instamment, que vous ne pourriez y manquer sans vous faire de moi un mortel ennemi ; et pour la certitude que je souhaiterais d’obtenir, vous devez comprendre qu’elle est si nécessaire, que vous vous êtes exposée vous-même à d’étranges soupçons si vous ne trouvez pas le moyen de vérifier vos découvertes. »

Nous nous quittâmes fort mal satisfaits l’un de l’autre ; car si elle n’avait pas trouvé toute la confiance qu’elle aurait voulu pour son récit, j’avais aperçu dans son zèle plus d’amertume et de chaleur que je n’en devais attendre de la seule envie de m’obliger.

Deux jours se passèrent, qui furent pour moi des siècles d’inquiétude et de tourments par la contrainte où je fus obligé de vivre avec Théophé. Autant que je souhaitais de ne la pas trouver coupable, autant j’aurais été fâché, si elle l’était, de ne pas connaître tout le désordre de sa conduite.

Enfin, le soir du troisième jour, une demi-heure au plus après qu’elle m’eut quitté, son ennemie entre d’un air empressé dans mon appartement, et m’avertit à l’oreille que je pouvais surprendre Théophé avec son