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je le rends maître de l’opinion qu’il doit prendre de tout ce qui lui a pu paraître obscur et incertain dans le caractère et la conduite de Théophé.

Les accusations de cette femme furent peu ménagées. Après m’avoir plaint d’une malheureuse situation, qui m’empêchait d’avoir les yeux ouverts sur ce qui se passait dans ma maison, elle m’apprit sans déguisement que le comte de *** voyait assidûment Théophé, et que, ce qu’il n’avait jamais obtenu tandis que la jeune Grecque était sous sa conduite, il avait réussi à lui inspirer de l’amour. Et n’attendant point que je fusse revenu de ma première surprise, elle ajouta que les deux amants se voyaient la nuit dans l’appartement même de Théophé, qui ne me quittait le soir que pour aller recevoir apparemment le galant dans ses bras.

Le temps qu’elle avait pris pour me rendre un si mauvais office était heureusement l’absence de Théophé. Je n’aurais pu cacher la mortelle impression que je ressentis de son discours, et dans une affaire de cette nature l’importance était de ne pas faire éclater un désordre qui ne pouvait être approfondi qu’avec beaucoup de secret et de précautions.

Mes premières réflexions ne laissèrent point d’être favorables à Théophé. Je me rappelai toutes ses démarches depuis le parti qu’elle avait pris d’être presque sans cesse avec moi dans ma solitude. Si l’on