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vait me rendre en se liant étroitement avec Théophé.

Elles prirent tout le goût que je souhaitais l’une pour l’autre, et Théophé se soumit à mes intentions sans murmure.

Une société si douce devint le charme de tous mes tourments. Je ne prenais rien que de la main de ma chère Grecque. Je ne parlais qu’à elle. Je n’avais d’attention que pour ses réponses. Dans les atteintes les plus cruelles d’un mal auquel je suis condamné pour le reste de ma vie, je recevais du soulagement de ses moindres soins, et le sentiment actuel de ma douleur ne m’empêchait point de sentir quelquefois les plus délicieuses émotions du plaisir. Elle paraissait s’intéresser à ma situation, et je ne m’apercevais point que ses plus longues assiduités lui fussent à charge. D’ailleurs, il ne se passait point de jour que je ne l’engageasse à prendre pendant quelques heures le plaisir de la promenade ou celui des spectacles avec sa compagne. Il fallait quelquefois l’y forcer. Ses absences étaient courtes, et je ne remarquai jamais que son retour lui parût un devoir pénible. Cependant, au milieu d’une situation si charmante, sa première gouvernante qui ne s’était pas vue congédier sans chagrin, vint troubler encore une fois mon repos par des soupçons qu’il ne m’a jamais été possible d’éclaircir.

C’est ici que j’abandonne absolument le jugement de mes peines au lecteur, et que