Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais cette partie de Saint-Cloud, cette intime familiarité avec deux jeunes gens auxquels je ne vois rien de commun avec votre façon de penser, que dirai-je ! cet oubli de bienséances communes me jette dans des inquiétudes que je ne puis dissimuler plus longtemps. »

Je baissai les yeux en finissant, et je voulus lui laisser toute la liberté de préparer sa réponse. Elle ne me la fit pas attendre longtemps.

« Je conçois, me dit-elle, toute l’étendue de vos soupçons, et ma faiblesse de Livourne n’est que trop propre à les justifier. Cependant, vous me faites un tort extrême si vous croyez que soit à Saint-Cloud, soit dans tout autre lieu où vous m’avez observée, je me sois écartée un moment des principes que je porte au fond du cœur. Vous m’avez répété mille fois vous-même, continua-t-elle, et j’apprends tous les jours dans les livres que vous me mettez entre les mains, qu’il faut s’accommoder aux faiblesses d’autrui, se rendre propre à la société, passer avec indulgence sur les défauts et les passions de ses amis ; j’exécute vos idées et les maximes que je puise continuellement dans mes livres. Je vous connais, ajouta-t-elle, en me regardant d’un œil plus fixe, je sais qu’un secret ne risque rien avec vous ; mais vous m’avez donné une compagne dont je dois ménager les faiblesses. C’est votre amie, c’est mon guide ; quel autre parti