Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

me privait du plaisir de vivre avec ma famille. Mais le même intérêt qui m’avait conduit à Saint-Cloud ne me permit point de laisser venir la nuit sans avoir ouvert mon cœur à Théophé. Je m’informai de l’heure qu’elle prendrait pour se retirer ; et, m’étant rendu dans sa chambre avec cette familiarité qu’une longue habitude avait comme établie, je lui confessai en arrivant que j’étais amené par des raisons extrêmement sérieuses. Je ne sais si elle se défiait du motif de ma visite, mais je vis de l’altération sur son visage. Elle me prêta néanmoins une profonde attention. C’était une de ses bonnes qualités, de vouloir comprendre ce qu’on lui disait avant que de vouloir y répondre.

Je ne pris point mon discours de trop loin.

« Vous avez marqué, lui dis-je, de l’empressement pour vivre avec moi, et vous connaissez les motifs que vous m’avez mille fois répétés. C’était le goût d’une vie vertueuse et tranquille. Ne la trouvez-vous pas chez moi ? Pourquoi donc allez-vous chercher à Saint-Cloud des plaisirs si éloignés de vos principes, et qu’avez-vous à démêler avez M. *** et le comte de ***, vous qui faisiez profession d’une sagesse si opposée à leurs maximes ? Vous ne connaissez point encore nos usages, ajoutai-je, c’est l’excuse que mon affection vous prête ; et je vous ai donné pour guide une folle qui les oublie.