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me je l’avais remarqué moi-même, jusqu’à l’importunité, elle profita du moment qu’il lui donnait la main en sortant du carrosse. L’ayant prié de ne plus troubler sa tranquillité par des visites et des soins qu’elle n’avait jamais goûtés et qu’elle ne voulait plus recevoir, elle lui déclara qu’elle regardait cet adieu comme le dernier.

Il demeura si consterné, que lui voyant tourner le dos pour s’éloigner, il n’eut point le courage de la suivre.

Ce fut à moi qu’il adressa ses plaintes. Elles me touchèrent d’autant plus que je trouvai dans cette conduite de Théophé quelque chose d’extrêmement opposé à la douceur naturelle de son caractère, et que je ne pus me figurer qu’elle en fût venue à cette extrémité sans y être précipitée par une passion violente. J’exhortai M. de S*** à se consoler, comme tous les amants qui ne sont pas plus heureux, et je l’assurai d’un faible dédommagement dans mon amitié. J’estimais sa bonne foi beaucoup plus que son bien et sa figure.

« Venez chez moi, lui dis-je, aussi souvent que votre inclination vous y portera. Je ne ferai pas violence à celle de Théophé ; mais je lui ferai sentir ce qu’elle néglige en rejetant vos offres, et je lui ferai honte sans doute de ses sentiments, si elle s’abandonne à quelque passion déréglée. »

Mes infirmités m’obligeaient de prendre mes repas dans mon appartement, ce qui