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leur communiquer quelques affaires qui m’obligeaient de leur demander une place dans leur carrosse.

« Ces messieurs ne sont pas venus sans leur équipage, ajoutai-je en me tournant vers eux, et le mien d’ailleurs serait à leurs ordres. »

M. de *** s’était fait suivre par le sien. Nous prîmes directement les allées qui conduisent à la grille, et les deux amants eurent la mortification de voir occuper à M. de S*** une des places qu’ils avaient remplies.

Il aurait été trop dur de représenter leur indiscrétion aux dames, à la vue d’un étranger. Je remis les leçons de morale à Paris ; mais en considérant de près la gouvernante, que j’avais vis-à-vis de moi, je ne pus me défendre, ni de rire de l’image qui me restait encore de sa parure, ni de lui faire des compliments sur ses charmes dans le goût de ceux qu’elle avait entendus. Je crus m’apercevoir qu’elle avait déjà l’imagination gâtée jusqu’à les croire sincères. Théophé souriait malicieusement ; mais je lui en préparais un à elle-même, que je croyais capable de la rendre sérieuse.

Elle eut le temps néanmoins d’en faire ainsi un à M. de S*** qui acheva de lui ôter l’espérance. Soit qu’elle eût quelque soupçon du dessein qui nous avait conduits à Saint-Cloud, et qu’elle l’accusât de me l’avoir inspiré, soit qu’elle fût rebutée effectivement de ses soins, qui allaient quelquefois, com-