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pénétrer ce mystère. Mais, l’ayant suivie à l’église, aux promenades, aux spectacles, il avait vu sans cesse ces deux incommodes rivaux sur ses traces, et le seul air de satisfaction qu’elle laissait éclater sur son visage la trahissait toujours en les apercevant.

Il n’ajouta rien qui pût faire aller plus loin mes soupçons, et la prière qu’il joignit à cette plainte était propre au contraire à les étouffer. Il me conjura de lui faire voir plus clair dans ses espérances, et de ne pas permettre du moins que des sentiments aussi honnêtes que les siens fussent rejetés avec des marques de mépris.

Je lui promis non seulement de prendre ardemment ses intérêts, mais d’approfondir une intrigue dont je n’avais pas la moindre connaissance.

J’avais donné pour compagne à Théophé une vieille veuve, que son âge semblait défendre contre les folies de la jeunesse, et, quand j’aurais fait moins de fond sur la conduite de la jeune Grecque, je me serais reposé sur les exemples et les leçons d’une gouvernante si éprouvée. Elles ne se quittaient point, et je voyais avec plaisir que l’amitié les liât autant que mes intentions. J’expliquai à celle-ci une partie des accusations qu’on formait contre elle, car M. de S*** m’avait confessé qu’il n’avait jamais vu Théophé seule, et l’une n’avait pu mériter de reproches que l’autre ne dût partager. La vieille veuve reçut les miens d’un air si