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eût plus d’adresse que je ne lui en croyais à la déguiser, je n’aperçus rien qui blessât mes yeux jusqu’à l’arrivée de M. de S***, qui vint m’inspirer des défiances auxquelles je ne me serais jamais porté volontairement.

Il n’eut point le bonheur de les faire tourner sur lui-même. Mais après avoir passé quelques semaines à Paris, et s’être fait voir fort souvent dans ma maison, où je le comblais de politesses, il me prit un jour en particulier pour me faire les plaintes les plus amères.

« Le dessein de son voyage était, me dit-il, le même qu’il m’avait expliqué à Lyon ; mais sa fortune était extrêmement changée. Au lieu des froideurs de sa maîtresse qu’il croyait avoir uniquement à combattre, il se trouvait en tête plusieurs amants déclarés, dont il avait mille raisons de croire qu’elle ne rejetait pas également tous les soins. Il était désespéré particulièrement des attentions qu’elle marquait pour M. de R*** et pour le jeune comte de *** qui paraissaient les plus ardents à lui plaire. »

Ce n’était pas chez moi qu’elle les souffrait autour d’elle ; mais cette exception même faisait le plus sensible chagrin du jeune Marseillais, qui n’avait pu se persuader qu’elle mît quelque différence entre eux et quantité d’autres dont elle recevait indifféremment les visites, sans en ressentir beaucoup dans les dispositions de son cœur. Comment se figurer néanmoins qu’elle en aimât deux à la fois ? Il en était encore à