Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tendaient que je l’avais enlevée dans un sérail, et que cette hardiesse m’avait coûté la perte de mon emploi.

Je me rendis fort supérieur à toutes ces fables par la tranquillité avec laquelle je les entendis, et je fus toujours le premier à les tourner en badinage.

Théophé s’étant fait connaître avantageusement de toutes les personnes avec qui j’avais quelque liaison, je lui vis bientôt un grand nombre d’adorateurs. Il me parut difficile qu’elle se défendît toujours contre les soins empressés d’une brillante jeunesse, mais je crus lui devoir quelques avis sur les précautions qui sont nécessaires à son sexe.

L’exemple du comte de R*** m’avait appris qu’elle était sensible aux grâces de la figure et des manières. Le danger était continuel à Paris, et si l’amour ne m’y faisait plus prendre le même intérêt, j’étais du moins obligé par l’honneur d’écarter de ma maison tout ce qui pouvait la conduire au désordre. Elle reçut mes conseils avec sa docilité ordinaire.

Son goût n’était pas diminué pour la lecture, et je lui voyais même une nouvelle ardeur à s’instruire. Peut-être la vanité commençait-elle à faire ce que je n’avais pu attribuer jusqu’alors qu’à la passion de s’orner le cœur et l’esprit.

Cependant, soit que mes observations ne fussent plus assez exactes pour me faire pénétrer le fond de sa conduite, soit qu’elle