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n’empêcha point que sous quelque prétexte que les affaires de son père lui firent naître, il ne nous accompagnât jusqu’à Lyon dans une chaise de poste qui suivait immédiatement ma berline. Et lorsqu’il fut contraint de se séparer, il me dit à l’oreille que son dessein était de faire incessamment le voyage de Paris, où il se promettait de disposer plus librement de sa main que sous les yeux de son père.

J’ai toujours été persuadé qu’il avait tenté secrètement d’obtenir le consentement de sa famille, et que c’était sur le refus de son père qu’il m’avait proposé un mariage clandestin.

Les affaires continuelles qui m’occupèrent longtemps ne me permirent plus de suivre Théophé dans toutes ses démarches. Je la logeai chez moi, avec toute la considération que j’avais toujours eue pour elle, et je lui accordai dans ma maison tous les droits dont je l’avais mise en possession à Oru. Mes amis raisonnèrent différemment en me voyant arriver à Paris avec cette belle Grecque. Ils ne s’en tinrent point au récit que je leur fis naturellement d’une partie de ses aventures ; et mon attention étant toujours de cacher celles qui ne faisaient point honneur à ses premières années, ils prenaient les éloges que je leur faisais de ses principes et de sa conduite pour les exagérations d’un homme amoureux. D’autres venant à la connaître mieux, lui trouvaient effectivement