Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

effacer dans sa propre imagination tous les souvenirs du passé, j’eus reçu pour réponse qu’elle se sentait de l’éloignement pour l’état du mariage, je ne pus me défendre d’un reste de dépit, qui me porta à lui reprocher de m’en avoir donc imposé, quand elle m’avait protesté avec tant d’apparence de bonne foi, que c’était uniquement cette sorte d’avantage qui l’avait disposée à souffrir les soins du comte.

Elle fut troublée de cette objection ; mais, cherchant à sortir d’embarras par un air de bonté et de candeur qui lui avait toujours réussi avec moi, elle me conjura de ne pas mal interpréter ses sentiments, ou, si je l’aimais mieux, de ne pas juger trop rigoureusement ses faiblesses. Et, me rappelant à mes promesses, elle prit le ciel à témoin que quelques inégalités que j’eusse pu remarquer dans sa conduite, elle n’avait jamais cessé de regarder l’espérance que je lui avais donnée de vivre près de moi comme le plus grand bien qu’elle eût à désirer.

Je la remerciai de ce sentiment, et je renouvelai tous les engagements que j’avais avec elle.

Sa santé se rétablissant de jour en jour, notre départ ne fut pas longtemps différé. En vain M. de S *** s’efforça-t-il de nous arrêter par des instances qui allaient souvent jusqu’aux larmes. Il reçut de la bouche même de Théophé l’arrêt qui le condamnait à réprimer sa passion ; ce qui