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qui l’exposerait à la disgrâce de son père ; que n’étant plus néanmoins dans l’âge de la dépendance, il prendrait volontiers le parti de l’épouser en secret, et qu’il me laisserait le maître de régler les moyens et les conditions. Je réfléchis deux fois sur cette offre. Quoiqu’elle m’assurât tout ce que j’avais désiré, il ne me parut pas digne de moi de contribuer à un mariage secret, dont je voyais peu de douceurs à espérer pour Théophé, lorsqu’elle serait condamnée pour longtemps à faire un mystère de sa condition, et qui pouvait nuire à la fortune de M. de S*** en le mettant mal, tôt ou tard, avec sa famille. Je lui répondis nettement qu’un marché clandestin ne convenait point à Théophé, et je le laissai dans le chagrin de me croire même offensé de sa proposition.

Cependant, comme j’étais encore à savoir les inclinations de Théophé même, et que, m’étant une fois trompé sur ses sentiments, je pouvais être retombé dans l’erreur en jugeant qu’elle ne s’écarterait point de sa première déclaration, je voulus consulter son penchant, et lui apprendre ce que l’amour lui offrait pour sa fortune. Il ne me parut pas surprenant de lui entendre rejeter la tendresse et la main de M. de S***. Mais lorsque, ayant insisté dans ses propres termes, sur l’avantage qu’il y aurait pour elle à rentrer dans tous les droits de la vertu et de l’honneur par un établissement qui pouvait