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pour un Français, le prévint par quelques politesses qui facilitèrent leur liaison. Il apprit de lui non seulement ce qui regardait ses propres affaires, mais une partie des miennes, c’est-à-dire que le capitaine, qui avait vu notre vaisseau en arrivant au port, s’était informé de quelques matelots qui s’étaient trouvés sur les ponts, d’où ils venaient et qui ils amenaient avec eux ; et ces gens grossiers à qui je n’avais pas pris soin de recommander le silence en quittant leur bord, m’avaient fait connaître par l’emploi que je venais d’occuper.

Le comte entendant parler de moi sous ce titre fut extrêmement surpris d’avoir ignoré que je fusse à Livourne, quoiqu’il parût par le discours du capitaine que j’y devais être depuis plusieurs jours. En rappelant toutes ses idées, il ne douta point que je ne fusse celui qu’on nommait, et que je n’eusse souhaité par quelque raison de demeurer inconnu. Mais ne pouvant modérer le premier mouvement qui lui fit tourner ses réflexions sur Théophé, il lui marqua quelque confusion de ne lui avoir pas rendu avec plus de soin ce qu’il croyait devoir à ma fille. Mais ce qui m’a toujours persuadé, sans l’avoir mieux connu, qu’il n’était pas d’une naissance commune, c’est que, formant sur les lumières qu’il venait de recevoir un dessein qui ne lui était point encore entré dans l’esprit, il résolut d’offrir sa main à Théophé, dans la supposition que