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fondées pour autoriser des observations si injurieuses.

La nuit se passa tout entière sans qu’il se présentât rien qui pût blesser mes yeux. Je m’approchai même plusieurs fois de la porte. J’y prêtai curieusement l’oreille. Le moindre bruit réveillait mes soupçons, et je fus tenté, sur un léger mouvement que je crus entendre, de frapper brusquement pour me faire ouvrir. Enfin, j’allais me retirer au lever du soleil, lorsque la porte de Théophé s’ouvrit. Un frisson mortel me glaça le sang tout d’un coup ; c’était elle-même qui sortait avec sa suivante. Cette diligence à se lever me causa d’abord un autre trouble ; mais je me souvins qu’elle m’avait averti plusieurs fois que dans la chaleur excessive où nous étions, elle allait prendre l’air au jardin qui donnait sur la mer. Je la suivis des yeux, et je ne fus rassuré qu’après lui avoir vu prendre ce chemin.

Il semblera que je devais être satisfait de l’emploi que j’avais fait de la nuit, et qu’après une épreuve de cette nature, il ne me restait qu’à m’aller livrer au sommeil, dont je me sentais un extrême besoin. Cependant mon cœur n’était qu’à demi soulagé. Le mouvement que j’avais entendu dans la chambre me laissait encore des doutes. La clef était restée à la porte. J’y entrai dans l’espérance de trouver quelque vestige de ce qui m’avait alarmé. C’était peut-être une chaise ou un rideau que Théophé avait elle-même remué.