Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gagées malgré elles dans cette triste condition, et son espérance avait toujours été de faire jouer quelque ressort pour les en délivrer. Elle avait bien compris que je ne pouvais demander successivement ces sortes de grâces à tous les seigneurs Turcs, et la discrétion l’avait empêchée d’un autre côté de me proposer trop souvent d’y employer mon revenu.

Mais se voyant à la veille de partir, elle eut moins de timidité. Elle commença par se défaire de toutes ces pierreries qu’elle avait reçues du Chériber, et de plusieurs présents considérables que je lui avais fait accepter. Après m’avoir confessé qu’elles les avait convertis en argent, elle m’apprit l’usage qu’elle voulait faire de cette somme, et elle me pressa par les plus tendres motifs de la charité d’y joindre quelque partie de mon superflu.

Je me dérobai dix mille francs, que j’avais eu dessein de faire servir à l’achat de diverses curiosités du Levant. La curiosité ne m’a jamais porté à m’informer ce que Théophé y avait mis du sien ; mais je vis bientôt chez moi plusieurs filles extrêmement aimables, dont elle n’avait pu rompre les chaînes pour des sommes médiocres, et si l’on y joint la dépense qu’elle fut obligée de faire pour les renvoyer dans leur patrie, on ne doutera point que ses libéralités n’eussent beaucoup surpassé les miennes.

Je me fis pendant quelques jours un amu-