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au comble. « Main basse sur ces perfides ! » dis-je à mes compagnons.

Je fus trop bien obéi. On se jeta sur les quatre ravisseurs, qui firent mine néanmoins de se défendre. Les deux Grecs, ayant moins d’adresse et de résolution, tombèrent sous les premiers coups. Le chevalier fut blessé, et Synèse, à qui il ne restait plus d’espérance nous rendait son épée.

Je l’aurais peut-être fait arrêter, et dans le premier moment il n’aurait pas été traité avec indulgence, si l’on n’était venu m’avertir que le vizir, apaisé par les apparences de soumission dont il était redevable à mon secrétaire, avait contremandé ses troupes et s’était déclaré satisfait.

La pitié trouva place aisément dans mon cœur, lorsque la colère en fut sortie. Il fallait même quelques précautions pour cacher la mort des deux Grecs. Je renvoyai Synèse, en lui faisant valoir beaucoup ma bonté, et je donnai ordre que le chevalier fût pansé soigneusement. N’ayant heureusement que des Chrétiens dans ma maison, tout le monde s’y crut intéressé à tenir cette aventure ensevelie.

Cependant la mienne fut suivie de quelques autres événements qui n’ont rapport à cet ouvrage que par l’occasion qu’ils donnèrent à mon retour dans ma patrie.

À peine eus-je reçu les ordres du roi, que je pensai à la conduite que j’allais tenir avec