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autres crut me rendre un bon office en allant éteindre une partie des flambeaux et des lampions, c’est-à-dire, en prenant soin d’en éteindre quelques-uns à différentes distances, pour être en état de répondre qu’on exécutait l’ordre du vizir. Je ne m’en aperçus point tout d’un coup ; mais la fuite d’une partie de mes convives, qui craignaient sans doute que je n’en vinsse à l’extrémité dont j’avais menacé l’envoyé du Ministre, redoubla l’agitation où j’étais. Je traitai de lâches et de traîtres ceux que mes efforts ne purent arrêter ; et, remarquant bientôt que l’éclat de mon illumination diminuait, j’entrai dans une nouvelle fureur, en apprenant la timide précaution de mon secrétaire. J’étais dans cette espèce de transport, lorsque j’entendis les cris d’une femme qui m’appelait à son secours. Je ne doutai point que ce ne fût déjà le détachement des janissaires qui commençait à insulter mes gens, et ne voulant rien entreprendre sans certitude, je courus vers le lieu d’où les cris partaient, accompagné de quelques amis fidèles.

Mais qu’aperçus-je ? Synèse et le chevalier, secondés de deux Grecs, enlevaient Théophé, qu’ils avaient eu l’adresse d’attirer à l’écart, et s’efforçaient de lui fermer la bouche d’un mouchoir, pour étouffer ses cris.

Il n’était pas besoin de toute la chaleur qui m’animait déjà, pour faire monter ma fureur