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à son tour eut ajouté que si je faisais quelque résistance, l’ordre était déjà donné de faire avancer un détachement de janissaires pour abaisser ma présomption, je ne ménageai plus mes termes :

« Rapportez à votre maître, lui dis-je, qu’un procédé tel que le sien est digne du dernier mépris, et que je ne sais point trembler lorsqu’il est question de l’honneur de mon roi. S’il en vient à l’extrémité dont vous me menacez, ma résolution n’est pas de me défendre contre des ennemis qui m’accableront par le nombre ; mais je fais apporter dans cette salle toute la poudre que j’ai ici en abondance, et j’y mets le feu moi-même pour faire sauter ma maison et tous mes convives. C’est à mon maître après cela que j’abandonnerai le soin de me venger ! »

L’officier se retira ; mais le bruit de cette aventure répandit aussitôt la consternation parmi tous les Français que j’avais assemblés pour ma fête. J’étais moi-même dans un transport de colère qui m’aurait rendu capable assurément d’exécuter les idées qui m’étaient venues à l’esprit. Et ne voulant point surtout qu’il parût dans ma conduite le moindre air de crainte, je donnai ordre qu’on fît sur-le-champ une décharge de toute mon artillerie composée de plus de cinquante pièces de canon.

Mes gens ne m’obéirent qu’en tremblant. Mon secrétaire, plus alarmé que tous les