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me déplaire. Ils la pressèrent si instamment de les entendre, et le terme qu’ils lui demandèrent fut si court, que ne pouvant employer la violence pour s’en défaire, elle fut forcée d’avoir pour eux la complaisance qu’ils exigeaient.

Leur plan était dressé, et la lettre par laquelle le chevalier avait tenté de se rouvrir quelque accès chez moi n’avait été que l’effet d’un remords, à la veille d’une nouvelle entreprise dont l’honneur lui faisait un scrupule. Quoique je ne lui eusse jamais expliqué ce que je pensais de ses anciennes idées d’établissement dans la Morée, et que je me fusse encore moins ouvert sur l’intérêt que j’y avais pris en découvrant qu’on y voulait engager Théophé, il convenait bien qu’elle n’aurait pas été traitée chez moi avec tant de soins et de distinctions, si je ne l’y eusse pas vue avec plaisir, et qu’il ne pouvait la séduire ou l’enlever secrètement sans m’offenser. Il aurait donc souhaité de me faire approuver son dessein, pour l’agrément de sa maîtresse autant que pour l’intérêt de son ami, et quoique j’eusse refusé de le voir, il ne désespérait pas encore de me le faire goûter après avoir obtenu le consentement de Théophé. Aussi n’épargna-t-il rien pour lui faire envisager autant d’utilité que de plaisir à se lier avec sa société. Mais elle n’avait pas besoin de secours pour résister à des instances si badines.

Je m’occupais dans ce temps-là des pré-