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naître, il s’était persuadé que je ne m’offenserais pas qu’on la fît entrer comme malgré elle dans une famille à laquelle je souhaitais de la voir rendue. Mais le projet de l’établissement se trouvant ruiné par le fond, il m’avertissait des vues de Synèse, dans lesquelles il ne voyait plus pour Théophé la même sûreté ni les mêmes avantages.

Elle ne fut pas témoin de cette ouverture, et je priai le chevalier de ne l’informer de rien. Il me suffisait d’être averti, pour dissiper aisément l’entreprise de Synèse, et je jugeais bien d’ailleurs que perdant le secours du chevalier, il lui resterait aussi peu de facilité que de hardiesse. Je voulus néanmoins être instruit des moyens qu’ils s’étaient proposé d’employer. Ils devaient prendre quelque jour où je serais à la ville. Je laissais peu de monde à Oru. Connaissant tous deux ma maison, ils s’étaient flattés de s’y introduire aisément, et d’y trouver d’autant moins de résistance que Maria Rezati partant volontairement, ils pouvaient persuader à mes domestiques que si Théophé semblait l’accompagner malgré elle, c’était néanmoins avec ma participation. J’ignore comment cette témérité leur aurait réussi. Mais je me délivrai de toutes sortes de craintes en faisant déclarer à Synèse que je connaissais son dessein, et que s’il le conservait un moment, je lui promettais qu’il serait puni avec plus de rigueur qu’il ne l’avait été de son père.