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qu’il l’avait fait consentir enfin à se laisser reconduire en Sicile, où il n’avait pas douté qu’elle ne pût se réconcilier facilement avec sa famille. Il s’était bien promis d’en recueillir le principal fruit, par un mariage auquel il était aisé de prévoir qu’il trouverait peu d’opposition ; et si je devais m’en rapporter au témoignage de mon domestique, il n’avait point attendu qu’il fût débarqué à Messine pour s’en assurer tous les droits.

Enfin s’étant présenté au père de sa belle, qui s’était cru trop heureux de retrouver sa fille et son héritière, il avait obtenu, en se faisant connaître pour un Italien fort bien né, la permission d’épouser Maria Rezati avant que le bruit de son retour ne fût répandu ; et c’était pour elle en effet la seule manière de rentrer avec honneur dans sa patrie. Elle avait voulu que le guide que je lui avais donné l’accompagnât jusque chez son père, pour achever apparemment de gagner ce bon vieillard en lui donnant cette preuve de l’intérêt que j’avais pris à sa fortune. Il n’était parti de Messine qu’après la célébration du mariage, et il m’apporta une lettre du seigneur Rezati, qui contenait des marques fort vives de sa reconnaissance.

Théophé en avait reçu une aussi de Maria, et nous nous étions crus délivrés tous deux de cette aventure. Il s’était passé environ six semaines depuis le retour de mon valet, lorsqu’étant à Constantinople