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sans raison, et je me hâtai de me renfermer dans mon appartement.

J’y passai près de deux heures, qui ne furent pour moi qu’un instant. Que de réflexions amères et que de violentes agitations ! Mais elles aboutirent enfin à me faire reprendre le parti dont je m’étais écarté. Je demeurai convaincu que le cœur de Théophé était à l’épreuve de tous les efforts des hommes, et soit caractère naturel, soit vertu acquise par ses études et par ses méditations, je la regardai comme une femme unique, dont la conduite et les principes devaient être proposés à l’imitation de son sexe et du nôtre.

La confusion qui me restait de son refus me devint facile à dissiper, lorsque je me fus arrêté invariablement à cette résolution. Je voulus même me faire un mérite auprès d’elle d’être entré si promptement dans ses vues. Je la rejoignis dans son cabinet, et, lui déclarant que je me rendais à la force de ses exemples, je lui promis de me borner aussi longtemps qu’elle le souhaiterait, à la qualité du plus tendre et du plus ardent de ses amis. Que cette promesse était combattue néanmoins par les mouvements de mon cœur, et que sa présence était propre à me faire rétracter ce que j’avais reconnu juste et indispensable dans un moment de solitude ! Si l’idée que j’ai à donner d’elle dans la suite de ces mémoires ne répond pas à celle qu’on a dû prendre jusqu’ici sur des