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Je ne ferai pas trop valoir les raisonnements qui me rappelleront à cette résolution. Je ne persuaderais à personne que l’amour n’y eût pas plus de part que la prudence. Cependant il me sembla que des obstacles que je ne désespérais pas de vaincre, ne devaient pas retarder une déclaration qui ferait enfin connaître à Théophé toute l’ardeur de ma passion, et qui la disposerait sans doute à favoriser mon entreprise du moins par ses désirs. En lui apprenant que je lui destinais ma main, je ne prétendais pas lui dissimuler que le même jour que je voulais devenir son mari, je comptais lui rendre un père. Dois-je le dire ? Quelque succès que je pusse obtenir de la part de Condoidi et de la sienne, je me flattais qu’elle serait assez touchée de la résolution que j’avais prise en sa faveur, pour m’en tenir compte par ses sentiments, et pour m’accorder tôt ou tard sans conditions, ce qu’elle verrait bien que je voulais mériter à toutes sortes de prix. Mes réflexions étaient en plus grand nombre, et n’étaient peut-être pas si nettes, lorsque je rentrai dans son appartement. Je ne lui laissai pas le temps de s’inquiéter de mon trouble. Je me hâtai de la prévenir, pour lui expliquer mes desseins, et, l’ayant priée de m’écouter sans m’interrompre, je ne finis mon discours qu’après avoir exposé dans un fort long détail jusqu’au moindre de mes sentiments.

La chaleur qui m’avait emporté à tant